11 juin 2017

Georges Appaix

Il a le verbe chantant et le corps musical

Sacré phénomène que ce chorégraphe natif de la Méditerranée, ingénieur de formation, saxophoniste pour le plaisir et un jour débarquant aux rivages de la danse. Le voyage ne fait que commencer, il y a maintenant 14 ans, avec Odile Duboc qu’il accompagne comme danseur mais aussi comme compositeur. Musique et danse ont été et continueront d’être des passions indissociables.
Depuis 1984, il a conçu pas moins de seize oeuvres, dont trois chorégraphies pour des compagnies extérieures, alternant pièces courtes et longues, compositions à distribution légère ou lourde. Profusion donc mais au gré d’une gamme modulée et changeante à la mesure d’un rythme juste, non surajouté, à l’instar de son écriture. Car il a le verbe chantant et le corps musical, tout simplement, tout sincèrement, cet humaniste sans fioriture, unique en son genre dans son approche et son style de danse.
En effet, si, comme d’autres chorégraphes français, les mots sont présents, ils sont incorporés dans le mouvement, ils sont dits en bougeant, comme naturellement. L’alchimie des sons, des mots, des gestes et des pas est construite sur des rythmes et tempos convergents et divergents, avec une finesse légère qui produit une grande délectation jubilatoire. Sa désinvolture est trompeuse ; il faut tout percevoir en même temps : l’humour subtil, le comique de situation, l’ironie tendre mais non moins lucide, la poétique du quotidien, les éclairs de tristesse ou de révolte, les pieds de nez rieurs aux faux-semblants… C’est l’expression d’un regard sensible et philosophique sur notre monde, la perpétuation savoureuse et chaleureuse d’une tradition orale revivifiée en les corps.