Le compositeur Francis Faber en résidence de création au Conservatoire de Nice

En cette rentrée 2019 dans les studios de musique électroacoustique, Francis Faber prépare un trio pour instruments électroniques dans le cadre du projet MPEi dirigé par Gaël Navard. L’œuvre s’appelle Slow Down – Stoned music.
Les instruments utilisés seront Seaboard, joué par Tatiana Ciampossin, Sylphyo par Amaro Sampedro Lopez, et Percussions numériques
par Pierre Andréis, tous trois étudiants au Conservatoire de Nice – Université Côte d’Azur.

L’œuvre sera créée pendant le festival Manca, au sein des Journées Nationales de la Musique Electroacoustique, au cours du concert Kosma du jeudi 5 décembre 2019 à 18h30.

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« Slow down*, baby, now you’re movin’ way too fast ». est une chanson de Larry Williams chantée par les Beatles en 1964, bien avant la vague du Slow Life **.

Surfant sur l’inspiration « Slow », j’ai eu une pensée admirative pour les luthiers, ces artistes de la lenteur qui doivent remettre inlassablement en jeu leur travail sur un instrument jusqu’à ce qu’il sonne parfaitement !

Joseph Richardson (1790), tailleur de pierre et musicien amateur, après avoir remarqué les sonorités musicales d’une partie du rock de Skiddaw ( une montagne du  Lake District dans le Nord de l’ Angleterre) avec lequel il travaillait, fabrique un litophone de 8 Octaves !.
Ce sont les pierres de ce luthier particulier qui sonnent principalement dans ma pièce.

Bien sur, la musique contemporaine n’a pas échappé à l’accélération de la société ; jamais on a joué si vite, si fort, si large spectralement en ce début de XXI ème siècle. Peut être un palier est aujourd’hui atteint et l’aventure va se propager ailleurs.
Mais décélérer n’est pas si simple, ni dans sa vie, ni dans une construction artistique temporelle ; je m’y essaye dans la forme de cette pièce qui progresse d’un prestissimo vers un « presque rien » en rêvant que l’auditeur s’approche du son en y découvrant des richesses in-ouïes car entendues trop rapidement.

Les trois instruments (ici rassemblés grâce au projet de recherche CIRM – Conservatoire de Nice – Studio Instrumental – Le Hublot) se croisent en tentant de valoriser leurs richesses virtuelles via les possibilités du protocole récemment enrichi (voir plus bas *** à propos du protocole MIDI-MPE). Dans cette musique, lutherie et écriture sont en regard croisé. Aucune « note » ne s’est écrite sans un scénario informatique validé, sans une expérimentation avec les instrumentistes que je remercie de leur patience.

 

Francis Faber -2019

*Slow Down est aussi un son mystérieux enregistré avec des hydrophones le 19 mai 1997 dans l’océan Pacifique par le National Oceanic and Atmospheric Administration.
Le NOAA estime que ce son est produit par un iceberg s’échouant sur le fond, raclant le sol tout en ralentissant jusqu’à s’arrêter totalement.

** une contre-culture initiée dans les années 80 en réponse à l’accélération globale de la société qui invite à ralentir en douceur, une philosophie de vie qui consiste à vivre en conscience, en s’appuyant sur des valeurs plus fondamentales que celle véhiculées par la société moderne

*** le protocole MIDI-MPE est un développement récent du protocole de communication Musical Instrument Digital Interface. Il permet aux contrôleurs multidimensionnels de jouer plusieurs paramètres pour chacune des notes appuyée via un logiciel compatible. Dans le protocole MIDI normal, les messages concernant un canal (tels que Pitch Bend) s’appliquent à toutes les notes jouées sur celui-ci. Avec MPE, chaque note se voit attribuer son propre canal MIDI, la variation du paramètre commandé par le Pitch Bend peut être ainsi appliquée à chaque note, permettant un contrôle continu en polyphonie, par exemple en trois dimensions (de gauche à droite, de haut en bas et en pression) pour chacune des touches d’un clavier.

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