1 avril 2020

Premier essai du clavier maître Studiologic SL73 studio, patcher Max de lissage de données MIDI

Cet article compile les informations collectées lors du déballage du clavier SL73 Studio de Studiologic par Michel Pascal.

Ce clavier nous intéresse pour plusieurs raisons, notamment parce qu’il offre quatre zones indépendantes de jeu entièrement réglables sensibles chacune à l’after touch canal, ainsi qu’un nombre important de capteurs intégrés : 3 joysticks (au lieu des traditionnelles molettes wheel et pitch bend), et d’entrées pédales : 2 switch, 1 continue, 1 universelle (compatible avec une pédale triple de type piano de la marque).

Cet article n’est pas tout à fait un tutoriel, mais il montre un patcher Max construit pour contourner une limitation due à la captation monophonique du geste de pression canal, et le rendre utilisable de manière indépendante sur 4 zones.

RESULTAT DU TEST :

  • L’enfoncement des touches est raisonnablement silencieux et le toucher est très agréable, vraiment proche d’un piano sans être trop lourd.
  • La connexion aux instruments d’usine de Kontakt est très agréable avec les réglages par défaut.
  • Les joysticks sont très réactifs et agréables à jouer. Comme ils finissent leur course sur la coque en métal, il est malheureusement difficile de ne pas faire entendre un clic en bout de course (mais quand on lâche une molette de pitch bend, on a aussi un clic)Le joystick libre (sans retour à ressort vers sa position initiale) est efficace mais offre tout de même une course un peu réduite. Je l’ai testé pour le contrôle d’une source en 3D dans Micadôme, cela semble tout à fait gérable à une seule main avec le VBAP et même en LBAP si l’on utilise un second joystick séparé pour l’élévation .
  • Le geste de jeu des joysticks n’est pas équivalent à celui de molettes, mais si l’on considère le remplacement de celle de pitch bend pour modifier une hauteur de note à la main gauche (portando ou vibrato), le contrôle offert latéralement par le joystick me paraît plus efficace que celui vertical d’une molette traditionnelle. En revanche la molette de modulation traditionnelle permet une meilleure finesse de contrôle, tactile comme visuelle, que le joystick. Toutefois ces joysticks permettent 6 dimensions de contrôle (dont 3 avec retour) là où l’ensemble pitch-bend/modulation-wheel n’en offre que 2 (une seule avec retour).
  • L’after touch semble raisonnablement jouable mais à y regarder de plus près, la finesse de contrôle est très réduite et on ne peut malheureusement pas régler la sensibilité de la course.
  • Exemple de succession de valeurs MIDI reçues après un geste de pression puis relâchement sur une touche : 18 18 18 18 36 36 36 36 65 65 65 65 95 95 95 95 123 123 123 123 127 127 127 127 0 0 0 018 18 18 18 40 40 40 40 69 69 69 69 108 108 108 108 127 127 127 127 0 0 0 010 10 10 10 28 28 28 28 63 63 63 63 95 95 95 95 123 123 123 123 127 127 127 127 117 117 117 117 0 0 0 012 12 12 12 28 28 28 28 59 59 59 59 81 81 81 81 111 111 111 111 127 127 127 127 121 121 121 121 109 109 109 109 82 82 82 82 0 0 0 0, soit seulement 6 valeurs différentes maximum entre 0 et 127, quelle que soit l’attention que je porte à la pression de mon doigt!
    En ajoutant un lissage de 100ms dans le patcher Max visible ci-après, j’arrive à une quinzaine de pas, soit une précision 2,5 fois meilleure. Par exemple comme équivalent à la dernière liste: 2 4 9 14 23 32 41 51 63 75 85 96 106 116 127 125 124 121 118 111 103 83 62 41 20 0. C’est un maximum, au delà de cette valeur la latence engendrée risque d’être vraiment gênante. Avec une latence moitié moindre (48ms), on arrive à une douzaine de valeurs, soit une précision deux fois meilleure. A 30ms je n’ai plus que dix valeurs, à 20ms le lissage ne sert plus à rien.
  • A noter que si chaque valeur envoyée en brut apparait 4 fois, c’est parce que les 4 canaux MIDI sont ici mélangés. Le lissage supprime ces doublons.
  • Bien entendu, la sensation va dépendre considérablement du paramètre contrôlé, mais pour info, il y a des années, la constante de temps de la sensibilité du toucher humain avait été mesurée à 1ms par Claude Cadoz!
  • D’autre part, s’il est effectivement possible d’enclencher ou pas l’aftertouch pour chacune des 4 zones du clavier, ou de le router vers 4 canaux midi différents spécifiques, physiquement il s’agit d’un seul et même contrôleur. Du coup, presser sur une des zones active tout de même les quatre autres zones. Pour contourner ce problème j’ai du construire un petit patcher Max qui repère sur quelle zone la dernière note a été jouée et coupe le signal en provenance des autres zones afin de pouvoir obtenir réellement quatre contrôles distincts.
    A ce niveau, même si les possibilités sont plus complexes que celles des autres claviers de prix comparables du marché, c’est tout de même une déception. 
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Capture-décran-2020-06-19-12.15.43-1024x545.png.
exemple d’un patcher de test et de routage des informations d’after touch canal sur quatre zones séparées
  • La plaque de métal pour poser un laptop est très bien conçue, dommage qu’elle ne soit installable que sur le côté droit du clavier et non au centre où l’écran et les boutons du display interne l’empêche.
  • Elle mesure 37cm de large sur 26 en profondeur. On ne peut pas non plus la mettre sur le côté gauche : entre les joysticks et le display il n’y a que 26cm. 
  • On ne peut pas non plus poser simplement le QuNexus, ni un bandeau de faders de type Kord Nano qui sont conçus pour la largeur des laptops (un peu moins de 33cm). Cela reste possible, mais mord sur l’écran.
  • La version 88 touches mesure 126cm au lieu de 104 donc la place sera plus large, mais je n’ai pas l’impression que ce soit encore assez, car il semble que ce soit surtout sur le côté droit que l’instrument s’allonge : à vérifier.
  • Il n’y a pas assez de place non plus en profondeur au dessus des joysticks : 6cm maximum alors que le QuNexus en mesure 8.
  • Toutefois il reste possible d’imaginer une seconde plaque de métal sur ce côté gauche, qui serait fixée par le même dispositif que celle prévue pour un laptop, mais qu’il ne serait pas très compliqué de fabriquer sur mesure.
  • L’interrupteur de mise sous tension est un petit bout de plastique saillant qui me paraît susceptible de casser rapidement au long des déplacements.
  • Enfin l’éditeur-libraire Mac/Windows est très clair, simple à utiliser, plug and play et paraît vraiment efficace aussi bien pour les réglages que pour la gestion des banques de mémoires. La programmation sur le petit écran intégré est également possible sans complication inutile.
  • Malgré les restrictions signalées, ce clavier me paraît rester un excellent rapport qualité/prix/encombrement/poids.